Les légumineuses & cie à exclure de l'alimentation de votre chien ?

10 janv.5 min de lecture

Croquettes pour chiens : un choix à analyser avec vigilance

Je ne donnerai/recommanderai aucune marque de croquette ni d’alimentation sous ce post ni par mail. Bien que ma vision globale dans ma pratique quotidienne d’ostéopathe animalier m’oblige à me former sur ces questions, je ne suis pas nutritionniste (et ne souhaite pas le devenir). Cependant, ma position et ma visibilité me semblent importantes pour vous informer et vous sensibiliser sur ce sujet.

Les croquettes, aliment ultratransformé et industriel, sont souvent présentées comme une solution complète pour répondre aux besoins nutritionnels des chiens. Si cette affirmation peut être fondée pour certaines croquettes vétérinaires, conçues pour des pathologies ou besoins spécifiques, leur consommation régulière dans certains cas peut également poser des risques pour la santé. Parmi ces risques, la cardiomyopathie dilatée (CMD) d’origine alimentaire suscite une préoccupation croissante.

Une alerte déjà ancienne : les légumineuses en question

Depuis 2014, des études scientifiques et des retours de vétérinaires mettent en lumière un lien préoccupant entre l’utilisation de légumineuses (pois, lentilles, pois chiches, etc.) dans des croquettes dites "grain free" (sans céréales) ou "low grain" (faibles en céréales), et l’apparition de CMD. Malgré ces alertes, ces formulations continuent d’être largement disponibles sur le marché.

Des rapports approfondis, notamment des travaux de la FDA (Food and Drug Administration), confirment les risques potentiels liés à une proportion excessive de légumineuses dans l’alimentation canine. Un seuil inférieur à 9-10 % est souvent considéré comme acceptable et sans conséquence notable sur la santé. Cependant, certains experts recommandent une élimination totale de ces ingrédients, en particulier pour les propriétaires souhaitant minimiser tout risque à long terme.

Vigilance dans le choix des croquettes

Il est essentiel que les propriétaires de chiens examinent attentivement la composition des croquettes qu’ils achètent. Privilégier des marques transparentes, validées par des vétérinaires spécialisés en nutrition animale, et éviter les formulations contenant des quantités significatives de légumineuses constitue une démarche préventive efficace pour protéger la santé de leur animal.

Prenons l’exemple d’une marque bien connue du marché. Une analyse rapide en lien avec l'article de leur composition soulève des points d’attention :

Points critiques identifiés (en rapport avec le sujet de l'article) :

Présence de légumineuses : pois déshydratés (9 %).Les pois, légumineuses fréquemment associées aux CMD, atteignent ici une proportion proche du seuil critique de 9-10 %. Toutefois, cette limite reste théorique et doit être replacée dans le contexte de la formulation globale.
Présence d’amidons et tubercules : tapioca (9,5 %), patate douce déshydratée (9 %), amidon de pomme de terre (9 %). Ces ingrédients, souvent utilisés comme alternatives aux céréales, ne sont pas directement liés à la CMD. Cependant, leur index glycémique élevé et leur faible teneur en fibres pourraient déséquilibrer l’alimentation à long terme.
Proportion totale d’ingrédients végétaux : 36,5 %. En additionnant les légumineuses et amidons/tubercules, ces composants représentent une part significative de la composition.

Une telle proportion pourrait réduire la biodisponibilité de certains nutriments essentiels, comme la taurine, indispensable à la santé cardiaque.

Les mécanismes impactant la santé : focus sur la biodisponibilité

Qu’est-ce que la biodisponibilité ?

Biodisponibilité et impact des antinutriments

La biodisponibilité désigne la capacité des nutriments à être absorbés et utilisés par l'organisme après ingestion. Les croquettes contenant des légumineuses peuvent présenter des mécanismes qui diminuent cette biodisponibilité :

Antinutriments dans les légumineuses : pois, lentilles et autres légumineuses contiennent des lectines, phytates et saponines, qui interfèrent avec l'absorption de minéraux essentiels (zinc, calcium, magnésium), et forment des complexes insolubles qui empêchent leur assimilation par l'intestin.
Carence en acides aminés essentiels : les protéines végétales des légumineuses ont un profil incomplet d'acides aminés essentiels, tels que la méthionine et la cystéine, nécessaires à la production de taurine. Une alimentation déséquilibrée peut ainsi compromettre la synthèse de cet acide aminé crucial pour le cœur.
Carence en vitamines B : les légumineuses peuvent être pauvres en certaines vitamines B telles que la B6 et la B12, essentielles au métabolisme cardiaque. Ces vitamines jouent un rôle clé dans la synthèse de la taurine et de la carnitine, deux molécules cruciales pour le bon fonctionnement du cœur.
De plus, les vitamines B (mais pas que!) sont particulièrement sensibles à la chaleur. Les procédés industriels comme l’extrusion (cuisson des croquettes) ou les conditions de stockage peuvent diminuer leur quantité dans l’aliment final.

La CMD : une maladie grave qui peut être liée à l’alimentation

La cardiomyopathie dilatée (CMD) est une maladie sévère qui affecte la capacité du cœur à se contracter efficacement, entraînant une insuffisance cardiaque. Dans certains cas, la CMD peut être secondaire à des déséquilibres alimentaires.

CMD tauriprives

Ces formes sont directement liées à un déficit en taurine. La taurine est essentielle pour :

Protéger les cellules myocardiques du stress oxydatif.
Stabiliser les membranes cellulaires et les échanges calciques au niveau du muscle cardiaque.
Favoriser une contraction cardiaque optimale.

Certaines races (Cockers Américains, Golden Retrievers) présentent une prédisposition génétique à des déficits en taurine. Une alimentation pauvre en taurine ou en ses précurseurs (méthionine, cystéine) peut aggraver leur risque de CMD.

CMD non tauriprives

Ces formes ne sont pas directement liées à un déficit en taurine, mais résultent d’autres déséquilibres nutritionnels ou de mécanismes toxiques/inflammatoires, souvent induits par des antinutriments présents dans certains ingrédients alimentaires.

Conclusion

En conclusion, bien que la relation entre le régime alimentaire et la Cardiomyopathie Dilatée (CMD) ne soit pas encore entièrement comprise, les résultats suggèrent que certains ingrédients, comme les pois, pourraient jouer un rôle dans la progression de la CMD chez les chiens. Des études supplémentaires sur les mécanismes sous-jacents sont nécessaires pour confirmer ces hypothèses.

Néanmoins, par principe de précaution, il est recommandé, si vous choisissez d'opter pour une alimentation industrielle, de privilégier des marques contenant peu (ou pas) de légumineuses, en attendant des conclusions définitives.

À mon sens, il est inutile de faire courir des risques à votre animal pour un bénéfice des légumineuses qui, de toute façon, n'est pas fondé.

Que faire ?

Examinez les étiquettes : Retournez le paquet de croquettes et vérifiez que la composition ne contient pas une proportion excessive de légumineuses, ou, à mon avis, pas du tout.
Privilégiez les marques transparentes, fondées sur des critères nutritionnels solides et non seulement sur des arguments marketing.
Optez pour une alimentation maison équilibrée, en consultant dans un premier temps un nutritionniste spécialisé pour vous assurer que les besoins nutritionnels de votre chien sont correctement couverts. Si l'équilibre alimentaire se fait sur plus ou moins moyen terme, il faut connaitre les besoins spécifiques de chaque espèce.
Restez informé : La santé de votre chien dépend de vos choix éclairés et de votre capacité à remettre en question vos habitudes. Les connaissances évoluent constamment, et nous apprenons chaque jour davantage. Comme le dit le proverbe, "l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne", et changer d’avis est plutôt quelque chose de sain..