La règle de la main
- F.Walther

- 6 nov.
- 3 min de lecture
La règle de la main

Connaissez-vous la règle de la main ? Elle est simple : chaque jour d’immobilisation équivaut à environ quatre jours de revalidation pour retrouver une fonctionnalité normale des tissus.
L’immobilisation peut être indispensable dans certains cas : après une chirurgie nécessitant une consolidation osseuse, en phase inflammatoire précoce ou lors d’une cicatrisation où une surcharge serait délétère.
Cependant, dans de nombreuses situations, l’immobilisation stricte — la fameuse « cagothérapie » est appliquée sans justification, et cela entraîne des conséquences tissulaires importantes.
Ce que l’on sait aujourd’hui sur les tissus musculaires immobilisés
Dès 48 heures sans mouvement, les fibres musculaires commencent à perdre du volume (atrophie), à se désorganiser, à réduire leur capacité de production de force et à perdre leur proprioception (la capacité du corps à « se sentir » en mouvement).
La cicatrisation musculaire se fait par réparation, et non par régénération complète.Elle entraîne la formation d’un tissu cicatriciel qui est moins élastique, se rétracte et diminue la capacité d’allongement et d’absorption des contraintes.
À l’inverse, le mouvement précoce mais encadré permet :
– une meilleure orientation des fibres pendant la régénération
-une cicatrice moins dense et moins rétractile
– une vascularisation plus efficace le maintien de la force et de la proprioception
Ainsi, trop d’immobilisation conduit à une cicatrisation désorganisée, des tissus fragilisés et un risque plus élevé de rechute.
Ce que montre la recherche
L’étude de Järvinen et al. sur les lésions musculaires précise que quelques jours de repos sont utiles pour permettre au tissu cicatriciel de se former.Au-delà, si le mouvement n’est pas repris progressivement, la qualité de la cicatrisation diminue et la récupération fonctionnelle est altérée.
On observe que :
– Une immobilisation de cinq à sept jours suivie de mouvement contrôlé permet une récupération optimale.
– Une immobilisation supérieure à dix à quatorze jours induit une perte de force prolongée, des raideurs, des compensations et un risque élevé de re-blessure.
Un exemple concret
Votre chien se fait une entorse.
Vous ne consultez pas immédiatement pour faire réduire la lésion. Vous observez une boiterie, vous donnez des anti-inflammatoires (souvent sans avis vétérinaire). Après cinq jours, il marche mieux. La boiterie semble diminuer. Vous concluez que « ce n’était pas si grave » et vous imposez un repos strict avec seulement les sorties hygiéniques.
Au bout de huit à dix jours, il n’est pas encore parfaitement droit, mais il ne souffre plus. Au bout de quatorze jours, la boiterie a disparu.Vous reprenez alors les activités entre quinze et vingt jours après la blessure.
Et c’est ici que tout se joue.
Pendant ces deux semaines de repos strict, les tissus ont perdu en élasticité, perdu en force et cicatrisé de manière désorganisée.Vous avez l’impression qu’il « va mieux » parce que la boiterie n’est plus visible, mais fonctionnellement, le muscle, les tendons et les tissus conjonctifs ne sont plus prêts à reprendre l’activité.
La reprise se fait alors sur des tissus fragiles.
Les conséquences apparaissent ensuite :boiteries qui reviennent d’abord sur terrain irrégulier puis sur toutes surfaces, raideurs au lever, fatigue rapide sur le membre concerné, puis douleurs chroniques et compensations posturales.
Pas parce que la blessure était grave au départ, mais parce qu’elle n’a pas été accompagnée et que la reprise a été effectuée avant que les tissus ne soient réellement prêts.
C’est cela que produit une gestion classique « anti-inflammatoires + repos strict + reprise directe » :on laisse les tissus cicatriser seuls, mais mal.







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