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La cage chez le chien : outil utile ou dérive silencieuse ?

Aujourd’hui, j’aimerais aborder un sujet qui me tient particulièrement à cœur : l’utilisation — ou plutôt la sur-utilisation — de la cage chez le chien.

Ce sujet, encore trop peu discuté, a pourtant de véritables implications, non seulement sur le comportement, mais aussi — et c’est là mon cheval de bataille — sur la santé physique de nos compagnons, en particulier chez les chiens de sport ou de travail.


Un outil pensé pour le transport


À l’origine, la cage a été conçue comme un outil de transport sécurisé. En voiture, elle permet de garantir la sécurité du chien, d’éviter les distractions au volant, et de lui offrir un espace délimité et rassurant.

Dans ce cadre, la cage a tout à fait sa place. Elle remplit une fonction claire, ponctuelle, pensée pour le bien-être du chien et la sécurité de tous.


D’un outil temporaire à un espace de vie


Progressivement, son usage s’est étendu à d’autres contextes : on parle alors de "crate training", souvent importé des méthodes nord-américaines d’éducation canine.Sur le papier, cela peut sembler cohérent : habituer un chien à la cage peut faciliter une hospitalisation, l’attente lors de compétitions, ou encore l’aider à gérer certaines phases de repos.

Mais le glissement problématique apparaît lorsque la cage cesse d’être un outil temporaire pour devenir un véritable lieu de vie.

Or, une cage de transport n’est pas un chenil. Un chenil, même petit, offre au chien la possibilité de marcher quelques pas. Une cage de transport ne permet aucun de ces mouvements de base puisque pour le transport elle doit pouvoir limiter les mouvements du chien.


Imaginez-vous rester allongé dans un lit, sans pouvoir vous lever ni vous étirer, avec un plafond à 1,20 mètre…L’analogie est crue, mais réaliste.

Quelles conséquences physiques ?

On parle beaucoup des impacts comportementaux de l’enfermement prolongé (frustration, anxiété, hyper-attachement…), mais qu’en est-il des conséquences physiques ?C’est un aspect souvent oublié, pourtant fondamental — surtout pour les chiens sollicités physiquement ou en convalescence.


1. Une récupération musculaire freinée

Après un effort, même bien préparé (échauffement, récupération, soins), le corps a besoin de mouvements doux pour activer le processus de récupération.C’est ce qu’on appelle la récupération active.

Pourquoi est-elle essentielle ?

Parce que le mouvement :

  • favorise la circulation sanguine, qui apporte les nutriments et l’oxygène nécessaires à la régénération tissulaire,

  • stimule la circulation lymphatique, indispensable à l’évacuation des toxines et déchets métaboliques,

  • évite la congestion musculaire post-effort.

Enfermer un chien dans une cage immédiatement après un effort, même s’il a bénéficié d’une phase de récupération, revient à figer son organisme dans une phase critique.C’est comme demander à un sportif de rester allongé sans bouger deux heures après une séance intense : contre-productif, voire délétère.


2. Raideurs, compensations, boiteries

En tant qu’ostéopathe animalière, je le constate fréquemment : des chiens présentent des raideurs ou boitent "à froid" qui ne passent pas.

Et à ma question :"Était-il en cage juste avant ?", la réponse est souvent oui.

L’immobilisation prolongée entraîne :

  • une stase musculaire (les muscles restent contractés dans une mauvaise posture),

  • une diminution de la vascularisation des tissus en réparation,

  • un risque de postures compensatoires,

  • une majoration des douleurs existantes.

Tout cela peut retarder considérablement la récupération, ou même aggraver une pathologie locomotrice déjà présente.


3. Un non-sens en cas de pathologie locomotrice

Un exemple marquant de cette semaine : un chien atteint de tendinopathie, emmené faire de l’hydrothérapie à 1h45 de route.

Résultat : une séance bénéfique… immédiatement annulée par le transport et surtout l’immobilisation en cage. À l’arrivée, le chien est plus raide qu’avant.

C’est pour cela que je reste très prudente lorsque vous venez de loin pour une séance, surtout si votre chien présente une problématique locomotrice.Travailler une heure sur son corps pour ensuite le figer dans une cage durant trois heures de route, c’est un non-sens.



Et pour les chiens en concours ?

Un mot aussi sur les week-ends de concours, où certains chiens passent jusqu’à 22 heures sur 24 en cage, entre les déplacements, l’attente et la nuit.

Dans ces conditions, comment espérer atteindre le plein potentiel d’un chien ?

Même sans tomber dans l’anthropomorphisme, imaginez devoir courir un 10 km après avoir passé la nuit recroquevillé dans une petite caisse, mal reposé, le corps figé…


Adapter la cage à la situation — ou s’en passer


Mon objectif n’est pas de diaboliser la cage. Elle est utile, voire nécessaire pour le transport, l’attente ponctuelle ou certains apprentissages.

Mais son usage doit être réfléchi, temporaire, et adapté à l’état physique du chien.

Posez-vous ces quelques questions simples :

  • Pourquoi la cage ?

  • Pour combien de temps ?

  • Dans quel état est mon chien physiquement ?

Si vous avez un chien sportif, convalescent ou en rééducation, privilégiez un espace plus grand, calme, sécurisé, et prévoyez du mouvement doux après chaque soin ou effort.

Et si votre chien est en période de reprise légère après une blessure, une opération ou autre, veillez à éviter les trajets trop longs pour ne pas compromettre la récupération par les contraintes posturales imposées par la cage.


En conclusion

La cage est un outil. Et comme tout outil, ce n’est pas son existence qui pose problème, mais l’usage qu’on en fait.


Caninement vôtre,

Fanny Walther

Ostéopathe animalière spécialisée dans l’optimisation canine

 
 
 

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